Michel Aupetit, La mort. Méditation pour un chemin de vie, Paris, 2020, 105p., Artège.
Les guerres d’aujourd’hui, les attentats, la pandémie sont autant d’événements qui remettent la mort devant nos yeux. Dans le monde occidental, nous avions fini par occulter cette réalité de la vie de l’homme. Les réactions de la culture hédoniste et technique sont impressionnantes. En réalité, nous nous sommes protégés de la vie. La vie est un risque, mais un risque magnifique. Le fameux principe de précaution désormais inscrit dans la Constitution revient, au fond, à refuser de vivre vraiment pour ne pas risquer de mourir ». La peur de la mort exprime une peur de vivre le plein de notre existence. Au contraire, il nous faut comprendre que la mort est une « condition essentielle de la présence à sa propre vie ». L’archevêque de Paris insiste sur le fait de se familiariser avec la mort et dans ce but, d’une manière expressionniste et suggestive, il nous aide à réfléchir à différentes formes de mort de l’existence : mort à soi-même, mort aux autres, mort au péché. En contraste, il décrit des milieux de la vraie vie : la vie en dedans, la vie au-dehors, la vie transmise, la vie éternelle.
Un chapitre nous éclaire sur la distinction corps-âme : le regard posé par l’ancien médecin est aussi marqué par ses références au Catéchisme de l’Eglise catholique et à des articles d’un grand philosophe existentialiste belge, le Père R. Troisfontaines, spécialiste à la fois de A. Camus et de G. Marcel. Son œuvre, ainsi que celle d’autres auteurs d’aujourd’hui (F. Hadjaj) sont aussi des références pour parler du « mystère de la mort » et pour montrer, comme le fait l’archevêque de Paris, l’importance de la mort comme un acte humain décisif qui engage pour l’éternité. Ce chemin de vie tel qu’il est médité, nous rapproche aussi de la foi exprimée par Thérèse de Lisieux par ces mots d’abandon et de foi : « Je ne meurs pas… J’entre dans la vie ».
Alain Mattheeuws, jésuite