Dans sa biographie du pilote d’avion, le grand Joseph Kessel décrit ainsi Mermoz :
«Son indulgence, sa charité, sa merveilleuse compréhension étaient faites pour bercer le chagrin et panser les plaies. Elles ne pouvaient pas donner une ossature au monde et une indiscutable loi intérieure. Or il en fallait une à Mermoz, et qui le dépassât. Il ne la trouvait ni autour de lui, ni en lui.
Alors le sens du divin qui s’était éveillé sur le plateau des Andes, qui l’avait visité sous le clair de lune quand, pour la première fois, il avait survolé l’Océan, s’imposa à son cœur. Ne pouvant comprendre les chemins de la vie, il s’en remit pour la conduire à un être supérieur.
Il chercha ses traces sur la terre. Il aima le silence et le chant des églises. Son émotivité poétique et sa soif de l’infini y furent comblées. Mais il ne pouvait accepter la façon dont en usaient les hommes. […] Il revint de Rome révolté par le luxe théâtral du Vatican.
« Dieu, disait-il, n’a pas besoin de ces livrées; Dieu c’est la simplicité, la liberté, la bonté, la beauté et le courage. C’est l’oubli de soi-même, c’est le bonheur de l’évasion, du sacrifice, c’est l’amour sans mesure. C’est ce que je sens lorsque je vole.»