Henri J.M. Nouwen, Chemin de passion, chemins du monde. Méditation, Ottawa, Novalis, 1998, p.40.
« Alors que Jésus portait sa croix au Golgotha, les soldats croisèrent un homme de Cyrène appelé Simon et le recrutèrent pour porter la croix devenue trop lourde pour Jésus seul. Celui-ci était alors incapable de la porter au lieu de son exécution ; il avait besoin de l’aide d’un étranger pour accomplir sa mission. Tant de faiblesse, tant de vulnérabilité ! Jésus a besoin de nous pour accomplir sa mission. Il a besoin de personnes qui portent sa croix avec lui et pour lui. Il est venu nous montrer le chemin vers la maison de son Père. Il est venu nous offrir un nouveau foyer, nous donner un sentiment d’appartenance, nous indiquer la vraie sécurité. Mais, seul, il ne peut y arriver.
Dans son projet de salut, œuvre difficile et douloureuse, Dieu devient dépendant des êtres humains. A ses disciples qui voulaient le défendre avec leurs épées, Jésus dit : « Remets ton épée à sa place (…). Penses-tu que je ne puisse faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges ? Comment s’accompliraient alors les Ecritures selon lesquelles il faut qu’il en soit ainsi ? (Matthieu 26,52-54). Le chemin de Jésus en est un d’impuissance, de dépendance, de passion. Lui qui s’est fait enfant, dépendant de l’amour et des soins de Marie, de Joseph et de tant d’autres, complète son itinéraire terrestre dans la totale dépendance. Il devient un Dieu qui attend. Il attend, se demandant que ce que les autres feront de lui. Est-ce qu’on le trahira ou le proclamer messie ? Est-ce qu’on l’exécutera dans la solitude ou le suivra-t-on ? Est-ce qu’on le clouera à la croix, loin de ses disciples, ou l’aidera-t-on à porter sa croix ? Pour devenir Sauveur du monde, Jésus a besoin d’hommes et de femmes qui acceptent de porter la croix avec lui. Certains le font volontairement ; d’autres doivent être « recrutés ». Mais quand ils touchent au bois de la croix, ils découvrent qu’il s’agit d’un fardeau léger, d’un joug facile à porter qui conduit à la maison du Père.