Depuis quelques semaines, certains retraitants, en arrivant au Châtelard, ont eu la joie ou la surprise d’être accueilli par des brebis en liberté. D’autres ont même pensé que c’étaient des brebis égarées en référence à la parabole de la brebis perdue (Mt 18, 12-14 et Lc 15, 3-7). Le berger doit être à leur recherche sans succès. Pourtant les brebis sont en tourisme à l’écocentre spirituel pour voir les nouveautés de la conversion écologique du lieu.
En effet, les trois brebis et deux agnelles ne sont pas en tourisme au Châtelard. Elles sont les nouvelles châtelaines ! Elles faisaient partie du cheptel du Carmel de Mazille jusqu’au moment où les sœurs ont pris la décision d’arrêter avec l’élevage des brebis. Cela a coïncidé avec le fait que l’écocentre avait le projet d’avoir quelques brebis. Pour leur installation, un chantier participatif de pose de clôture et de construction d’abri a été mis en place sous la conduite de Samuel Piffeteau, sj. Grâce à plusieurs bénévoles et groupes (retraitants, scouts, Magis, JRS, collectif des futurs résidents, etc), 0,7 ha de terrain a été clôturé. La construction de l’abri est toujours en cours.
La biodiversité du Châtelard s’est enrichie par l’arrivée de ces brebis. Elles contribuent à la transition écologique du lieu en rendant plusieurs services écosystémiques. La première chose qu’elles ont commencé à faire, c’est l’entretien des prairies par l’éco-pâturage. Nous n’avons plus besoin de passer la faucheuse pour l’entretien des prairies. En retour, les végétaux bénéficient d’un amendement organique naturel issu des excréments des brebis. D’autres organismes (coprophages) ou micro-organismes(bactéries) tirent aussi profit de cette nouvelle présence. Au vu de tout ce dispositif plus ou moins complexe, un quêteur de sens peut “regarder comment Dieu habite les créatures : dans les éléments en leur donnant l’être, dans les plantes en leur donnant la vie, dans les animaux en leur donnant de sentir, dans les hommes en leur donnant de comprendre” (Exercices Spirituels 235).
Par ailleurs, la présence de brebis dans l’écocentre spirituel ne vise pas une utilité particulière pour les humains. A l’invitation du pape François, « nous sommes appelés à reconnaître que les autres êtres vivants ont une valeur propre devant Dieu et “par leur simple existence ils le bénissent et lui rendent gloire” puisque “le Seigneur se réjouit en ses œuvres” (Ps 104, 31) » (LS 69). Donc les brebis peuvent faire l’objet de contemplation et d’admiration pour les retraitants et les promeneurs car les textes bibliques parlent d’elles. En même temps, elles participent à leur manière à la louange de Dieu.
Nwowé WANFEO, sj